Bilan à mi-parcours : où en sommes-nous ?

7. Juil 2023 | actualité, ressources

Le Sommet des Objectifs de développement durable (ODD) aura lieu en septembre prochain à New York. Huit ans après l’adoption de l’Agenda 2030, le moment est venu de faire le point. La moitié du temps imparti pour réaliser les ODD s’est déjà écoulé. Il nous reste encore sept ans pour les atteindre. Où en sommes-nous actuellement ? Divers documents et organisations nous donnent un aperçu de la situation présente.

Chaque année, le Forum politique de haut niveau (FPHN) pour le développement durable se déroule au mois de juillet à New York. Le FPHN est une vitrine où les États présentent un rapport national détaillant leurs efforts pour concrétiser l’Agenda 2030. Cet examen public s’effectue sur une base volontaire. La Suisse a soumis son rapport national l’an dernier. La Plateforme Agenda 2030 a simultanément publié son propre rapport exposant le point de vue de la société civile, un document intitulé Continuer à vivre au dépens du monde ?

C’est aussi lors du FPNH que l’on jauge la mise en œuvre de l’Agenda 2030 à l’échelle mondiale. Le secrétaire général de l’ONU résume chaque année les progrès accomplis dans la réalisation des ODD, mais également les retards et les régressions. Son compte rendu, étonnamment bref, se fonde sur les données rassemblées par la Commission de statistique de l’ONU.

Les institutions spécialisées de l’ONU publient en outre des documents sur chacun des ODD. Par exemple le rapport sur la faim, rédigé par plusieurs instances onusiennes œuvrant dans les domaines de l’alimentation, de l’agriculture, de l’enfance et de la santé (FAO, FIDA, UNICEF, PAM et OMS). Ou le rapport sur l’énergie, établi par l’Agence internationale de l’énergie, la Banque mondiale et d’autres organisations, pour mesurer les progrès touchant à l’ODD 7. Ou encore le rapport sur la pêche et l’aquaculture, qui prend le pouls des écosystèmes marins (ODD14). 

L’hôte du FPHN est l’ECOSOC, le Conseil économique et social de l’ONU.

Le Sommet des ODD a lieu tous les quatre ans. Cette année, il sera intégré à l’Assemblée générale de l’ONU en septembre. Ce cadre – l’organe suprême des Nations Unies – lui confère une portée supplémentaire. Aux traditionnels rapports annuels s’ajoutera le Global Sustainable Development Report. Ce document est élaboré non par l’ONU ou ses institutions, mais par un groupe interdisciplinaire composé de scientifiques de différents pays. La tâche de ces 15 expert·es n’est pas de résumer une fois de plus ce que les autres rapports mentionnent déjà, mais d’établir des liens, de pointer des synergies, d’identifier les barrières et les obstacles à la mise en œuvre, de proposer des pistes pour les surmonter.

Parallèlement aux institutions onusiennes et aux instruments de reddition de comptes propres à l’Agenda 2030, le Sustainable Development Report s’est fait un nom dans le sillage du célèbre économiste Jeffrey Sachs. Il utilise un système d’indicateurs simplifié qui permet des comparaisons entre les pays. Une attention particulière est portée à l’indice de spillover ou « effet d’externalité territoriale » : celui-ci évalue dans quelle mesure un pays favorise ou empêche le développement durable d’un autre pays, par exemple en lui vendant des armes ou des pesticides toxiques, en accaparant ses ressources en eau via la fabrication de biens d’exportation ou en servant de paradis fiscal. Alors que la Suisse figure au top 10 des pays les plus avancés dans la réalisation des ODD sur son propre sol, elle se classe parmi les dix plus mauvais élèves pour ce qui est du spillover.

Où en sommes-nous ?

Dans le rapport de cette année, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, brosse un sombre tableau : 12 % seulement des indicateurs sont « en bonne voie », et si les efforts dans ces domaines se poursuivent selon le cap prévu, l’objectif correspondant sera atteint. Pour 50 % des indicateurs, le développement va dans la direction souhaitée, mais les progrès sont (beaucoup) trop lents. Au rythme actuel, il faudra 300 ans pour parvenir à l’égalité entre les femmes et les hommes ! Le plus inquiétant : 30 % des indicateurs ne font apparaître aucune amélioration notable ou sont même en régression. Les avancées concernent surtout Internet et les communications. Elles ne sont guère dues à des efforts particuliers pour atteindre les ODD, mais à une tendance à l’œuvre dans le monde entier. Pendant ce temps, la pauvreté et la faim s’aggravent, les enfants sont moins nombreux à recevoir des vaccins, le déclin de la biodiversité s’accélère, on enregistre à nouveau une hausse des subventions pour les énergies fossiles et les émissions de gaz à effet de serre continuent de grimper. 

Accélérer la cadence, financer les ODD, rediriger les flux financiers

Pour pouvoir malgré tout atteindre les objectifs de l’Agenda 2030, M. Guterres demande impérativement à tous les pays d’accélérer la cadence. Et de financer les mesures. Cela passe par une lutte contre l’endettement de nombreux pays du Sud global, qui les empêche d’investir leurs propres richesses dans la réalisation des ODD, puisqu’ils doivent les consacrer au paiement des intérêts de leurs dettes.

Les scientifiques du Global Sustainable Development Report le disent sans détour : un changement en profondeur est indispensable. Mais dans une direction qui garantit le bien-être de l’humanité sans excéder les limites de la planète.

Il importe non seulement d’encourager des systèmes renouvelables, mais aussi d’abandonner ceux qui ne le sont pas. C’est fondamental pour renforcer la cohérence des politiques de développement durable et rendre les mesures prises vraiment efficaces. Si nous cessons par exemple de subventionner les énergies fossiles, nous aurons plus d’argent à investir dans les systèmes durables et les énergies renouvelables.

 

Origine de la photo: « Projections on Sustainable Development Goals and 70th Anniversary of the United Nations ». United Nations Photo. Lizenz: CC-BY-NC-ND 2.0

Schassmann Eva
Eva Schmassmann

Plateforme Agenda 2030

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