Un plan de survie de l’humanité

12. Mai 2021 | actualité, contribution externe

Entretien avec René Longet, expert reconnu en durabilité et auteur du livre « Un plan de survie de l’humanité »:

Pourquoi publier « Un plan de survie de l’humanité » aujourd’hui? 

L’Agenda 2030 constitue un résumé de 30 ans d’engagements internationaux en matière de durabilité. Une feuille de route cohérente, complète et concrète, à l’attention de toutes les catégories d’acteurs. Mais il nécessite d’être vulgarisé, il n’y aura pas de mobilisation sans cela. Mon ouvrage didactique vise à y contribuer.

Les objectifs de développement durable sont-ils suffisamment compris dans le public?
On en parle, on sait en général qu’ils sont au nombre de 17. Il s’agit maintenant qu’on comprenne aussi la philosophie qu’ils expriment et qu’ils forment un tout inséparable. Ce qu’ils listent est essentiel pour nos vies : la santé, l’éducation, le logement, un revenu, une insertion positive dans la société, une biodiversité fonctionnelle, un climat propice aux activités humaines, de l’eau, de l’énergie (renouvelable)…

Comment mieux communiquer l’Agenda 2030?

Il faut un vaste effort de vulgarisation sur leur contenu, mais aussi sur la nécessité « que le progrès économique, social et technologique se fasse en harmonie avec la nature » et d’« apporter des changements radicaux à la manière dont nos sociétés produisent et consomment biens et services ».

Plus de 5 ans après leur adoption, quels sont les meilleurs succès des ODD sur le plan international?

La mise en place d’outils et de référentiels, d’un langage commun entre les acteurs, à partir du bilan des OMD, la compréhension de l’importance d’une vue d’ensemble. Mais 4 ans après leur entrée en vigueur, le Covid est arrivé.

Une coopération internationale, que la Confédération voudrait plus entrepreneuriale, peut-elle se passer des ODD? 

La coopération s’est assez rapidement reconnue dans l’Agenda 2030. Il réaffirme l’engagement des pays industrialisés d’y consacrer 0,7% de leur RNB et un bon tiers des 169 cibles sont orientées Nord-Sud ou concernent d’abord le Sud. L’Agenda 2030 demande au secteur privé d’orienter ses investissements vers les ODD, enjeu clé pour les acteurs de la coopération, et souligne la nécessité de l’implication des ONG.

La pandémie efface-t-elle les progrès des dernières années?

Il faudra mettre les bouchées doubles, car rien qu’au 1er semestre 2020, 370 millions d’enfants ont été privés de repas scolaires, parfois le seul de la journée. 1,6 milliard de travailleurs (surtout des travailleuses) du secteur informel sont durement touchés et 130 millions de personnes se sont ajoutées à celles subissant la pauvreté absolue et la sous-alimentation.

Les plans climat vont-ils au contraire accélérer la mise en œuvre de l’Agenda mondial?

L’urgence climatique est au cœur de l’Agenda 2030, mais si la neutralité climatique est désormais l’objectif de nombreux acteurs publics et privés, nous le devons largement aux mobilisations des jeunes.

Par une production responsable, la Suisse réduira-t-elle sa forte empreinte environnementale à l’étranger ?

Notre responsabilité provient de notre dépendance de ressources extérieures au pays et de nos modes de consommation. Nous devons être très attentifs à la qualité écologique et sociale de ce que nous importons, ce qui soutiendra du coup la durabilité ailleurs dans le monde.

La Fondation Bertelsmann classe notre pays au 15e rang mondial de la durabilité (17e un an plus tôt). Pouvons-nous mieux faire?

Oui clairement. Dans beaucoup de domaines : biodiversité, agriculture, mobilité, énergie, économie circulaire, inclusion sociale, nous avons de bons programmes mais l’application reste plutôt molle.

La Suisse se donne-t-elle les moyens de ses ambitions pour 2030?

Pour l’instant non, et tant qu’on continuera à penser que c’est la « prospérité » qui permettra de « payer » la durabilité et pas le contraire, on en restera à des mesures périphériques.

Genève dispose du premier plan d’action cantonal pour la durabilité: une avancée ou un tigre de papier?

C’est un bel effort de coordination mais il faut être sûr d’avoir les moyens institutionnels, financiers et personnels pour générer la dynamique nécessaire.

 

Pierre Zwahlen, président de la Plateforme Agenda 2030, s’est entretenu avec René Longet à propos de son livre majeur en faveur des ODD.

Schassmann Eva
René Longet

Auteur et expert reconnu en durabilité

Portrait Pierre Zwahlen
Pierre Zwahlen

Président Plateforme Agenda 2030

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