La société civile, un moteur de transformations sociales

La société civile est une entité vaste et diversifiée. Des associations de quartier aux organisations de protection de l’environnement ou de coopération au développement actives à l’international, elle présente de nombreux visages.

À l’écart des processus formalisés, la société civile est le milieu où se manifestent les aspirations au changement social. On y conduit des expérimentations à échelle réduite, on y explore des formes nouvelles de vivre ensemble ou d’économie circulaire, on y mène des recherches et des analyses qui contribuent à une meilleure compréhension de phénomènes complexes. Ce savoir est mis à l’épreuve dans des projets concrets qui amènent à confronter expériences pratiques et connaissances théoriques pour développer des solutions inédites. La société civile est le véritable moteur des transformations sociales auxquelles se réfère le titre de l’Agenda 2030, « Transformer notre monde ».

Ce foisonnement n’exclut pas la contradiction. Les mouvements et associations de la société civile apparaissent là où les besoins collectifs ne sont pas suffisamment pris en compte. Elle constitue donc un système de détection précoce des mutations sociales.

La société civile est une actrice politique de premier plan et elle joue un rôle central pour le fonctionnement de la démocratie. Ses membres interpellent les institutions par des pétitions et des initiatives, amenant leurs préoccupations dans le débat politique. De nombreuses organisations militent pour le respect d’un cadre juridique, celui des droits humains et du droit international. Les leaders politiques et économiques sont rappelés à leurs responsabilités, à leurs promesses et à leurs obligations.

La société civile offre des lieux et des canaux de discussion et de formation de l’opinion. Elle peut ainsi faire entendre des points de vue qui n’avaient auparavant jamais trouvé d’écho dans les processus politiques de la démocratie représentative. La société civile assume une fonction de correctif. Elle n’en est que plus tributaire des conditions-cadres, de l’accès à l’information, de la participation et la possibilité de s’exprimer librement : transparence, État de droit, liberté de la presse. Dans de nombreux pays, ces conditions sont loin d’être garanties.

En Suisse également, l’engagement politique des acteur·rices de la société civile suscite une résistance croissante. Avec l’initiative pour des multinationales responsables, une large coalition d’ONG a défié les partis bourgeois et une grande partie de l’économie. Non affiliées à des partis, celles-ci ont donné le ton dans le débat politique et joué leurs atouts. La riposte ne s’est pas faite attendre : leur engagement pour la transformation sociale a été remis en question, des voix se sont élevées pour réclamer des restrictions à leur financement. Ce n’est pas que leur positionnement politique qui se trouve visé, mais aussi le travail de formation et de sensibilisation qu’elles accomplissent. Parce qu’une opinion déplaît, elle se trouve exclue de l’arène politique.

Le développement durable doit pouvoir être porté par une société civile vivante et plurielle à même de prendre part aux processus politiques. Les sociétés inclusives offrant de réelles possibilités de participation sont précisément ce que vise l’ODD 16, qui reconnaît leur importance pour le développement durable. Pour réussir à mettre en œuvre l’Agenda 2030 et les ODD, deux choses sont indispensables : de la transparence et une étroite implication de la société civile.

Schassmann Eva
Auteurs

Eva Schmassmann

Littérature supplémentaire