Editorial de notre rapport annuel 2022:

L’an dernier, la Suisse a amélioré son rang mondial pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD). La société civile y a largement contribué face aux crises qui se superposent. Leurs organisations ont entraidé dans l’urgence, pour assurer une vie décente aux plus faibles – ici et ailleurs. Elles ne laissent personne de côté, en rappelant les droits humains et les droits au travail. Elles interviennent en faveur de la biodiversité, en faisant recours au besoin, pour éviter que de nouvelles infrastructures sacrifient des écosystèmes de valeur.

Dans les cantons, la population comprend toujours mieux la nécessité des changements. Bâle-Ville approuve l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2037 en vote populaire. Glaris a banni l’installation de chauffages à mazout ou au gaz. Lausanne ne veut plus de voitures thermiques en ville d’ici 2030.

Mais la Suisse montre aussi de grandes faiblesses en durabilité. Son impact social et environnemental (spillover) sur les autres pays demeure l’un des pires d’Europe. La diversité de ses espèces naturelles s’érode. Sa place financière et sa fiscalité attirent les capitaux au détriment désastreux des gens du Sud global. Dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030, notre pays reste ainsi loin derrière les États scandinaves et après nos voisins autrichien ou allemand.

Rédigé par la Plateforme grâce à l’expertise de notre réseau, le bilan à mi-parcours Continuer à vivre aux dépens du monde ? a rencontré un vif intérêt à New York en juillet dernier ; le Forum de haut niveau de l’ONU y a évalué la Suisse dans sa réalisation des ODD. La déclaration prononcée au nom de nos organisations a trouvé un beau soutien sur place, conduisant le chef de la délégation helvétique à promettre une meilleure coopération avec la société civile.

A leur tour, des parlementaires s’inquiètent du dispositif insuffisant de la Confédération pour mettre en œuvre l’Agenda 2030. Par une motion largement approuvée de sa commission de politique extérieure, le Conseil national demande de renforcer les structures et les moyens, afin d’assurer la cohérence avec les cantons, les communes et autres partenaires. Pour notre part, nous plaidons pour la désignation d’un Conseil suisse de la durabilité, qui dispose enfin des ressources indispensables. Le groupe d’accompagnement actuel peut devenir ce Conseil, lui qui réunit déjà des responsables scientifiques, économiques et venu-e-s de la société civile.

L’an 2022 nous a portés plus loin, malgré les effets cruels de la guerre en Ukraine. Je suis fier et heureux des liens que nous avons resserrés entre nos organisations membres, avec les deux délégués à l’Agenda 2030, avec des élues et élus fédéraux notamment. Je tiens à remercier chaleureusement nos coordinatrices Eva Schmassmann et Eva Schober, le comité, le groupe de pilotage et les personnes qui ont pris part à ces résultats.