Un « phare dans la nuit », mais pour qui ?

17. Déc 2020 | contribution externe

Cet artilce fut publié dans le magazine d’ Alliance Sud, global #78, hiver 2020.

L’Agenda 2030 s’adresse à tout un chacun. Énormément de choses se passent déjà, mais de façon très disparate. Un état des lieux avec quelques exemples de médiation inspirants.

En signant l’Agenda 2030 en 2015, les pays membres de l’ONU s’engageaient dans la voie d’un développement durable, c’est-à-dire dans une voie qui suit tout à la fois le courant du « développement, soit l’accès de toutes et de tous à leurs droits économiques, sociaux et culturels » et le courant de la préservation de « l’environnement, soit le maintien de la capacité productive des systèmes naturels, sans lesquels il n’y a pas de vie » (« Quelle dynamique pour la transition ? » René Longet, Le Courrier, 19 octobre 2020). Dans la perspective de cette déclaration d’intention internationale, « il ne doit plus être possible de développer de la rentabilité au détriment d’autrui ou des générations à venir, d’augmenter la valeur financière au prix de la destruction de valeurs écologiques et sociales » (ibid.).    

Or, une des caractéristiques et une des forces de l’Agenda 2030 est qu’il ne s’adresse pas seulement aux Etats et à leurs administrations et institutions, mais à tout un chacun. Théoriquement, chaque personne est concernée par cette responsabilité, en tant qu’individu et en tant que professionnel.le, en tant que spécialiste d’un secteur, à même d’apporter à l’édifice sa pierre spécifique. Il serait donc attendu que, en 2020, chacun.e connaisse au moins l’existence de ce texte et ait au minimum une vague idée de ce qu’il contient et exige de l’humanité.

Malheureusement, il n’en est rien. Comme le montre un sondage de juin 2020 (Focus 2030, seuls 9 % des Français.es connaissent l’Agenda 2030 et savent de quoi il s’agit (devant les Etats-Unis, 8 %, l’Allemagne, 7 % et le Royaume-Uni, 6%). En Suisse, en réponse à une motion parlementaire de Carlo Sommaruga (27.09.2019), qui demande une campagne nationale de sensibilisation sur les Objectifs de développement durable (ODD), le Conseil fédéral estime «qu’il n’est pas nécessaire de mener une vaste campagne d’information, au-delà du mandat de base des services fédéraux concernés en matière de communication».

Alors, que s’est-il passé pendant cinq ans dans les autres milieux concernés ? Énormément de choses en réalité, mais de façon très disparate et cela est probablement dû à cette forme-même de diffusion universelle de l’appel : administration, entreprises privées, institutions publiques, société civile, individus, chacun.e y va de son projet, de sa campagne, de son initiative, endossant l’Agenda… sans oublier de poursuivre son agenda !

ODD 0 : faire connaître l’Agenda 2030
Dix ans avant l’échéance, le temps semble maintenant largement venu de rassembler nos forces et de s’inspirer les un.es les autres, pour tenter au moins de faire passer un message cohérent au plus grand nombre, et atteindre ce qui devrait logiquement être l’ODD 0 : « faire connaître l’Agenda 2030 ». Voici un petit florilège d’exemples de médiation et/ou de communication inspirants :

Jai jagat : des militant.es indien.nes avaient pour projet de marcher de Dehli à Genève pour réclamer la réalisation des ODD, 2020 (projet interrompu par la pandémie, mais remis à 2021)

les ODD en langues locales : un jeune Camerounais de 33 ans « s’est fixé pour mission de traduire les ODD en langues locales, en utilisant une terminologie compréhensible pour tous », Afrique Renouveau avril 2016

campagne de publicité « Pas de retour à l’anormal », Elyx, France, 2020

campagne de sensibilisation nationale, Sénégal, 2019

Nos Futurs : la science-fiction au service des ODD, un ouvrage collectif mêlant vulgarisation scientifique et science-fiction pour expliquer et populariser les ODD, 2020

Sustainabus, un bus réaménagé en exposition itinérante pour sensibiliser les personnes de tout âge sur les différentes thématiques liées à la durabilité, dès 2016 (Genève)

les bibliothèques s’engagent pour le développement durable, en Suisse, dès 2016 et à l’international dès 2015: https://www.ifla.org/libraries-development

Dominik Gross
Amélie Vallotton

Alliance Sud

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Cet article fut publié dans global #78 hiver 2020, le magazine d’Alliance Sud. Vous pouvez vous abonnez gratuitement.

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