Continuer comme avant mène dans le mur

15. Fév 2021 | actualité, prise de position, institutions

Pauvreté trop peu réduite, perte des sols jusqu’à mi-siècle, investissements poursuivis dans les énergies fossiles : ce n’est pas une vraie Stratégie de développement durable qui est encore en consultation jusqu’au 18 février. Le projet du Conseil fédéral expose le plus souvent des décisions déjà prises, juge la Plateforme Agenda 2030. Même si le gouvernement reconnaît les ambitions de l’Agenda 2030, les buts fixés restent insuffisants pour réaliser le cadre de référence mondial, qui engage la Suisse depuis plus de cinq ans.

Notre pays peut mieux faire: il figure seulement au 15e rang européen de la durabilité, selon le dernier classement édité par Cambridge University Press. Le Conseil fédéral manque plusieurs fois la cible, en visant les Objectifs de développement durable (ODD) qui composent l’Agenda de l’ONU.

Plusieurs buts de la Stratégie suisse repoussent même l’échéance de 2030. Le projet ne prévoit par exemple qu’une diminution de la pauvreté, alors que l’ODD 1 demande de « réduire de moitié » la proportion de la population sous le seuil national de pauvreté. La perte nette des sols n’est stoppée qu’en 2050. On ne fixe pas de limite claire aux investissements énormes de la place financière sur le pétrole, le gaz et le charbon. Les assurances sociales étant financièrement consolidées et adaptées à l’évolution sociale, il importe de réorienter les placements selon l’Accord de Paris sur le climat, pour empêcher la planète de surchauffer.

Le projet de Stratégie imagine qu’il suffit d’être informés et sensibilisés pour consommer de manière responsable. L’expérience montre au contraire qu’il faut des incitations et des prescriptions claires, afin d’assurer ce changement nécessaire des comportements. Seules des régulations efficaces permettront aux entreprises et aux banques de faire avancer le développement durable.

Réseau suisse de plus de 50 fédérations et organisations de la société civile, la Plateforme Agenda 2030 estime indispensable une stratégie de durabilité. Une telle stratégie englobe les différents domaines, et sa mise en œuvre doit concerner tous les départements et offices fédéraux – en brisant les silos des politiques sectorielles, en résolvant les conflits d’objectifs de façon transversale, en dégageant les synergies aussi.

La Stratégie de développement durable est prévue pour neuf ans désormais. Cependant, le projet gouvernemental n’évoque pas la participation de la société civile à la préparation des plans d’action ou des rapports nationaux adressés à l’ONU. Il ne dit pas non plus comment adapter la Stratégie aux évolutions des années prochaines. Le Conseil fédéral promet toutefois une réalisation en partenariat. La Plateforme Agenda 2030 demande donc d’être associée aux étapes ultérieures. Dans sa réponse à la consultation, elle exige notamment de

  1. reformuler les objectifs de la Stratégie en concordance avec les ambitions de l’Agenda 2030 ;
  2. de souligner les obligations de droit international qui sous-tendent aujourd’hui déjà les ODD;
  3. d’intégrer un financement adéquat du développement durable;
  4. de déterminer des processus participatifs pour élaborer les plans d’action et les rapports nationaux ; évaluer et actualiser la Stratégie par un rapport intermédiaire ;
  5. de renforcer les relations transversales et les interactions entre champs politiques particuliers.

La réponse à la consultation est disponible en allemand. La lettre à la cheffe du département en français.

Schassmann Eva
Eva Schmassmann

Plateforme Agenda 2030

Portrait Pierre Zwahlen
Pierre Zwahlen

Président Plateforme Agenda 2030

Documents

Notre réponse à la consultation (disponible en allemand)

Lettre à la cheffe du département

Tags

,