Longtemps attendue mais guère meilleure

23. Juin 2021 | actualité, prise de position, institutions

Le Conseil fédéral publie aujourd’hui sa Stratégie de développement durable 2030, retardée de 18 mois. Amélioré sur quelques points, le document n’est malheureusement toujours pas à hauteur des ambitions de l’Agenda mondial 2030 et rate l’occasion de mettre intégralement en œuvre les Objectifs de développement durable (ODD) durant la décennie. La pauvreté ne sera pas réduite de moitié, conformément à la cible de l’ODD 1. Les investissements de la place financière continuent librement à réchauffer le climat. Il n’y a pas de ressources complémentaires pour réaliser la Stratégie. Le plan d’action 2021-2023, adopté en même temps, promet des mesures encore incomplètes.

Malgré la forte mobilisation de 230 organisations (cantons, partis, fédérations) et particuliers, qui ont pris part à la consultation en début d’année, la Stratégie de développement durable 2030 n’a guère évolué dans l’ensemble. Le Conseil fédéral veut ainsi diminuer la pauvreté seulement, alors que l’ODD 1 vise à réduire la pauvreté de moitié selon la définition nationale. Il ne formule pas d’objectifs propres pour certains ODD. La place financière suisse, avec ses énormes investissements dans les énergies fossiles, n’est pas tenue de respecter les engagements climatiques.

La Plateforme suisse Agenda 2030 remarque toutefois des améliorations qu’elle avait proposées durant la consultation sur la Stratégie. Le Conseil fédéral entend par exemple examiner des approches réglementaires pour réduire les déchets au moins, afin de promouvoir l’économie circulaire. Il veut également aider les fonds de pension à respecter l’Accord de Paris sur le climat. Il inclut le principe d’un accès sans barrières en matière de numérisation. Plusieurs buts en faveur de la biodiversité doivent être atteints en 2030 plutôt qu’en 2040 seulement. La société civile est aussi mentionnée explicitement comme premier moteur du développement durable – aux côtés de l’économie, de la finance durable et de l’éducation, la recherche et l’innovation. Le Conseil fédéral reste pourtant vague quant à inclure la société civile dans les processus ultérieurs. Pour élaborer le plan d’action suivant 2024-2027 et pour toute adaptation de la Stratégie, les actrices et acteurs externes (non fédéraux) seront associés « de manière appropriée ».

Aucune ressource n’est évoquée pour la mise en œuvre. Le plan d’action 2021-2023, adopté avec la Stratégie, contient 22 mesures incluant des contributions interdépartementales à l’Agenda 2030. Il s’agit ainsi d’intensifier des évaluations de la durabilité d’accords économiques. La cohésion sociale doit être renforcée en milieu urbain. Le Conseil fédéral répond là à des exigences de la société civile. Il n’est pas compréhensible en revanche que le plan d’action ne contienne pas de nouvelle mesure pour l’égalité entre femmes et hommes ou pour l’inclusion des personnes vivant avec un handicap. Il faut ici aussi des instruments interdépartementaux en faveur de l’égalité des chances.

Réseau de plus de 50 fédérations, institutions et associations, la Plateforme Agenda 2030 considère fondamental d’adopter une stratégie de développement durable. Mais pour faire réellement progresser l’Agenda 2030 qui engage la Suisse, cette Stratégie doit correspondre aux ambitions de l’Agenda mondial, reconnaître les obligations du droit international sur lesquelles reposent les ODD et inclure le financement nécessaire à la mise en œuvre.

Schassmann Eva
Eva Schmassmann

Plateforme Agenda 2030

Portrait Pierre Zwahlen
Pierre Zwahlen

Président Plateforme Agenda 2030

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