Politique agricole 2030+ : un levier important pour l’Agenda 2030
À la croisée entre de nombreux Objectifs de Développement Durable (ODD), les systèmes alimentaires durables sont essentiels à la mise en œuvre de l’Agenda 2030. En effet, en Suisse comme dans le reste du monde, l’agriculture doit trouver un équilibre entre sécurité alimentaire et préservation des ressources naturelles tout en garantissant des modèles économiquement viables pour les agricultrices et agriculteurs. Une nouvelle étude de Biovision présente des pistes de solution pour rendre l’agriculture suisse plus durable – en s’inspirant d’exemples de bonnes pratiques, notamment dans la culture des lentilles.
L’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) travaille actuellement avec un groupe d’accompagnement (composé des cantons et d’organisations représentant les intérêts de l’ensemble de la chaîne de valeur) pour poser les bases de la future politique agricole 2030 (PA30+). L’organisation de l’agriculture et de l’ensemble de notre système alimentaire est déterminante pour l’Agenda 2030, car elle influence directement plusieurs ODD : l’élimination de la faim et la promotion d’une alimentation saine (ODD 2 et ODD 3), la protection du climat et de la biodiversité (ODD 13 et ODD 15) ainsi que les modes de consommation et de production durables (ODD 12). Biovision s’implique dans le travail du groupe d’accompagnement par le biais de l’Alliance agricole. Dans ce cadre, Biovision a publié l’étude « Promotion des principes agroécologiques dans le système agricole et alimentaire suisse » qui identifie des mesures concrètes pour une agriculture plus durable.
Biovision soutient la nouvelle pyramide alimentaire révisée de la Confédération, qui met davantage l’accent sur la durabilité et l’alimentation à base de végétaux. Elle recommande notamment une consommation accrue de légumineuses, telles que les lentilles, comme source de protéines. L’exploitation agricole Rinderbrunnen, située à Grüt près de Gossau (ZH), qui développe la production de lentilles, a été interrogée dans le cadre de l’étude. Cette culture gagne en importance non seulement pour des raisons sanitaires et climatiques, mais aussi parce qu’elle contribue à la diversification des petites exploitations, ce qui augmente leur réussite économique. Cependant, la transformation est jusqu’à présent laissée à quelques initiatives individuelles et bénéficie encore de peu de soutien de la part de la Confédération.
De plus, il faut également trouver des variétés adaptées à la Suisse. C’est pourquoi le projet integraL (« Interdisciplinary Research on Grain Legumes ») mène des recherches à la ferme Rinderbrunnen. integraL vise à établir les légumineuses en Suisse en expérimentant de nouvelles méthodes de sélection, de culture et de transformation. En outre, integraL étudie les causes historiques du déclin des légumineuses dans les champs et les assiettes suisses.
Afin de promouvoir les principes agroécologiques dans le système agricole et alimentaire, l’étude de Biovision définit cinq domaines d’action prioritaires :
- Sensibilisation à la consommation durable, aux systèmes alimentaires et aux services écosystémiques
- Formation initiale et continue dans le domaine agricole
- Promotion d’une agriculture diversifiée et adaptée au site
- Réforme du système actuel de subventions agricoles
- Régulation du commerce et de la consommation
« Le système des paiements directs doit davantage encourager la diversité et les nouvelles formes d’organisation, comme la gestion collective des exploitations », exige Anders Gautschi, directeur général de Biovision. « De plus, la durabilité et l’agroécologie doivent faire partie intégrante de la formation agricole. » Mais le commerce et la consommation ont également un rôle à jouer : les aliments produits de manière durable doivent être plus facilement accessibles et abordables pour toutes ou tous. Pour cela, il faut une vérité des coûts : les coûts liés à la santé et au climat doivent être intégrés dans les prix.
« Les conditions cadres actuelles ne sont pas favorables à un système alimentaire durable », prévient Maya Graf, conseillère aux États, agricultrice et membre du conseil de fondation de Biovision : « Un changement s’impose de toute urgence : nous devons repenser notre alimentation, du champ à l’assiette. » La Confédération doit mieux soutenir les exploitations agricoles qui adoptent des approches écologiques et économiquement viables.
Un système alimentaire durable est bien plus qu’une question de politique agricole : c’est un élément central de l’Agenda 2030. La transition vers des systèmes agricoles et alimentaires durables contribue de manière significative à la réalisation de plusieurs ODD et combine des préoccupations écologiques, sociales et économiques. Pour que la Suisse assume ses responsabilités, il faut des conditions-cadres cohérentes qui encouragent l’innovation et la diversité, intègrent le commerce et la consommation et renforcent les exploitations agricoles axées sur l’agroécologie. Une transition durable est possible, mais pour cela, les milieux politiques, économiques et sociaux doivent agir ensemble et avec détermination.
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Depuis plusieurs années, Biovision accomplit un travail important en faveur d’un système alimentaire durable en Suisse, notamment dans le cadre du projet « Avenir Alimentaire Suisse ». En 2022, une assemblée citoyenne nationale a élaboré des recommandations concrètes et un comité d’expert∙e∙s scientifiques a présenté des propositions de solutions.
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Photo: Biovision